Baisse du coefficient d’énergie primaire : comment risque d’évoluer la note du DPE des logements chauffés à l’électricité ?

Le gouvernement envisage d’abaisser le coefficient d’énergie primaire de l’électricité de 2,3 à 1,9 dès janvier 2026. Un changement technique qui pourrait faire sortir 850 000 logements du statut de passoire thermique. Cette baisse n’est pas encore actée, car une consultation publique est prévue cet été avant validation par un arrêté début septembre. En attendant, voici ce qu’il faut retenir.
Pourquoi le calcul du DPE pénalise-t-il les logements chauffés à l’électricité ?
En fonction de sa consommation et de son impact carbone, le DPE (diagnostic de performance énergétique) attribue à chaque logement une étiquette allant de A à G. Cette note influence désormais l’ensemble du parcours immobilier : vente, location, accès aux aides, interdictions de louer les biens les plus énergivores, etc.
Ce classement repose aussi sur des paramètres techniques, dont le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire (CEP). Actuellement fixé à 2,3, il reflète une ancienne vision de l’électricité comme une énergie coûteuse à produire, issue de combustibles fossiles.
De ce fait, un logement tout électrique peut se retrouver mal classé, même s’il est bien isolé ou équipé d’appareils performants. À l’inverse, le gaz naturel bénéficie d’un coefficient de 1, bien plus avantageux.
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Réforme DPE 2026 : pourquoi baisser la valeur du coefficient d’énergie primaire ?
Le 9 juillet 2025, le Premier ministre François Bayrou a annoncé son intention de réviser ce coefficient à la baisse, pour le fixer à 1,9.
Cette valeur est alignée sur les recommandations européennes, plus cohérente avec le mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables.
L’objectif est triple :
- corriger un biais défavorable aux logements chauffés à l’électricité ;
- encourager l’électrification des usages indispensable pour atteindre nos objectifs climatiques ;
- rediriger les aides publiques vers les logements chauffés aux énergies fossiles afin de les décarboner.
Le changement serait inscrit dans un arrêté ministériel (encore en préparation). Il devrait être mis en consultation publique dans les prochains jours (site : consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr), avec une signature attendue début septembre 2025. L’entrée en vigueur serait envisagée pour le 1er janvier 2026. Rien n’est acté, mais il faut se tenir informé.
Quels logements bénéficieraient d’une baisse du CEP en 2026 ?
Selon les estimations communiquées par Matignon, environ 850 000 logements pourraient sortir des classes G ou F, c’est-à-dire du statut de passoire thermique, sans avoir à réaliser de travaux.
Les logements les plus concernés seraient :
- ceux chauffés à l’électricité et défavorisés par la méthode actuelle ;
- certains biens classés G aujourd’hui (environ 400 000), dont une part encore louée dans le parc privé ou social.
Avec cette évolution, un gain d’une lettre serait possible sur l’étiquette du DPE. Cela pourrait suffire à éviter une interdiction de location, ou à mieux valoriser un bien à la vente.
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Cette modification du calcul du DPE n’est pas un cas isolé. En juillet 2024, une autre réforme avait déjà permis à 140 000 petites surfaces (< 40 m²) de sortir du statut de passoire en corrigeant un biais méthodologique (arrêté du 25 mars 2024).
Une mise à jour gratuite, mais encadrée : le ministère du Logement a indiqué que la mise à jour du DPE serait gratuite, sans avoir à refaire appel à un diagnostiqueur. La plateforme de l’ADEME permettra de récupérer une nouvelle étiquette à partir des données existantes. Par ailleurs, aucune réévaluation négative ne sera appliquée. Ainsi, un logement ne pourra pas perdre une classe énergétique à cause de cette réforme.
Baisse du CEP : quelles sont les premières réactions du secteur ?
Bien qu’annoncée comme technique, la baisse du coefficient d’énergie primaire suscite de vifs débats.
Sont favorables à ce changement la Fnaim, l’UNPI, la Fieec, l’association Fed Experts ou encore la ministre Agnès Pannier-Runacher. Ils saluent une mesure qui corrige une injustice historique et favorise l’électrification indispensable des logements pour atteindre les objectifs climatiques nationaux.
D’autres institutions demeurent plus réservées ou critiques.
Ainsi, la CLCV, l’association négaWatt, UFC-Que Choisir et des experts du secteur dénoncent une réforme qui permettrait de reclasser jusqu’à 14 % des passoires sans aucun travaux.
En outre, la Capeb alerte sur une baisse d’activité pour les artisans si ces logements sortent du radar de la rénovation énergétique.
Enfin, certains professionnels craignent un effet d’attentisme sur le marché. En effet, des propriétaires pourraient envisager de différer leur vente ou leur mise en location à 2026.
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FAQ – Évolution du CEP du DPE et chauffage électrique
La note d’un DPE peut-elle changer sans travaux si le CEP diminue ?
Oui. Si votre logement est chauffé à l’électricité, la réforme pourrait améliorer votre note d’une lettre, à partir de janvier 2026.
Excepté l’électricité, les autres énergies ne seront pas impactées. Toutefois, le CEP impacte les autres équipements fonctionnant à l’électricité (ventilation, climatisation, etc.). Tous les DPE pourraient ainsi légèrement être modifiés.
Est-il pertinent d’attendre pour vendre ou louer un bien chauffé à l’électricité ?
Si votre logement est classé F ou G et chauffé à l’électricité, vous pourriez bénéficier d’une revalorisation en attendant la mise à jour du calcul du DPE.
Ce changement n’est pas encore acté et la mise à jour ne devrait être possible qu’à partir de janvier 2026. Si vous n’êtes pas pressé, mieux vaut attendre, car cette mise à jour ne peut qu’améliorer le résultat d’un DPE existant.
La mise à jour d’un DPE avec chauffage électrique remet-elle en cause la planification de travaux de rénovation ?
Non. Ce changement peut impacter la note finale, mais il ne remplace en aucun cas une rénovation performante si elle a été jugée nécessaire.
Isolation, ventilation, chauffage, ces travaux restent essentiels pour assurer le confort des occupants, réaliser des économies d’énergie et valoriser à long terme un logement.
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